Depuis l’annonce du voyage de Mohamed Cheikh Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie, aux États-Unis, la question d’une éventuelle normalisation des relations entre Nouakchott et Tel-Aviv anime les débats sur les réseaux sociaux. Ce sujet délicat et stratégique suscite des opinions divergentes, tout en soulevant des interrogations sur l’autonomie géopolitique de la Mauritanie dans un monde en constante évolution. Les discussions autour de cette question sensible reflètent l’importance de la position du pays dans le contexte international actuel.
Certains analystes estiment que la Mauritanie devrait adopter une position plus souveraine dans sa diplomatie, mettant en avant ses intérêts nationaux plutôt que de céder à des pressions idéologiques ou régionales. Dans cette optique, la normalisation des relations avec Israël ne devrait pas être considérée comme un tabou, surtout à la lumière des expériences d’autres pays arabes, tels que la Jordanie, l’Égypte, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, qui ont déjà établi de tels liens.
Ayant rompu ses relations diplomatiques avec Israël en 2010, la Mauritanie n’est ni géographiquement ni militairement impliquée dans le conflit israélo-palestinien. Ce contexte soulève des questions sur sa capacité d’influence dans ce domaine, suggérant que sa politique extérieure devrait se concentrer sur ses priorités stratégiques et économiques.
Sur le plan religieux, des partisans d’une ouverture vers Israël mettent en avant une vision d’un islam tolérant, comme l’illustrent les Accords d’Abraham, ou « Dîne Ibrahimiya ». Cette vision a été soutenue par des érudits mauritaniens, tels que le cheikh Ould Boyé, qui ont animé des séminaires sur la coexistence pacifique entre les religions monothéistes, tant dans le monde qu’en Mauritanie. De plus, les Émirats Arabes Unis, considérés comme un partenaire clé, soutiennent également cette approche.
D’un point de vue diplomatique, une normalisation des relations pourrait renforcer les liens avec les États-Unis et d’autres partenaires occidentaux, tout en ouvrant de nouvelles perspectives économiques, technologiques et sécuritaires. Dans un pays confronté à la pauvreté et aux inégalités, les bénéfices d’une telle démarche pourraient se traduire par des avancées significatives dans des domaines comme l’emploi, l’investissement et la coopération.
Sur le plan moral, certains soutiennent que la normalisation, bien que controversée, ne devrait pas être assimilée à des interdits religieux majeurs. Lorsqu’elle s’appuie sur une légitimité religieuse et une vision stratégique, elle peut être perçue comme un moyen de promouvoir le développement et la stabilité.
En conclusion, la question de la normalisation des relations avec Israël soulève un débat crucial sur l’orientation stratégique de la Mauritanie. Les décideurs doivent examiner attentivement les implications de leurs choix, en privilégiant les intérêts nationaux plutôt que des passions éphémères. Le pays se trouve à un tournant, devant choisir entre tolérance et extrémisme, une décision qui pourrait avoir des répercussions profondes sur son avenir diplomatique et économique.
Mohamed BNEIJARA