La Mauritanie traverse une période cruciale de son histoire démocratique. Le lancement du Dialogue National, à l’initiative du Président de la République, représente une opportunité majeure de réconcilier les Mauritaniens autour de valeurs communes et d’un projet de société équitable. Ce processus doit impérativement s’inscrire dans le respect strict des dispositions constitutionnelles, en particulier les articles 1 à 3 de la Constitution, qui fondent la République sur l’égalité entre tous les citoyens, l’interdiction des discriminations ethniques ou raciales, et la souveraineté du peuple.

Conformément à l’article premier, la République islamique de Mauritanie garantit à tous ses citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de condition sociale, l’égalité devant la loi. Il est de notre devoir, dans le cadre du dialogue en cours, de veiller à ce que ces principes ne restent pas de simples déclarations d’intention. Toute tentative de marginalisation d’un acteur politique, social ou culturel viole cet esprit de justice et d’unité nationale.

L’article 2 rappelle que le pouvoir politique s’acquiert, s’exerce et se transmet dans le cadre de l’alternance pacifique. Cela impose une responsabilité particulière aux organisateurs du dialogue : ouvrir ce processus à toutes les forces vives du pays, y compris celles qui dérangent ou bousculent les conforts établis. À ce titre, la participation de Biram Dah Abeid, deuxième personnalité en termes de suffrages exprimés lors des dernières élections présidentielles, est non seulement légitime mais indispensable. Beaucoup de citoyens affirment aujourd’hui sur les réseaux sociaux que « sans lui, il n’y a pas de dialogue possible ». L’exclure ou tenter de le diaboliser constituerait une grave entorse à l’esprit d’inclusion que prône la Constitution.

L’article 3 précise que le suffrage est universel, égal et secret, et que la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives. Il ajoute aussi que toutes les forces vives du pays doivent être intégrées. Il est donc impératif de convier à la table du dialogue les anciens candidats à la présidentielle, les organisations de la société civile, les réseaux de jeunes et de femmes, la diaspora, comme le prévoit également la feuille de route du dialogue national adoptée récemment.

Ce dialogue ne peut être un simple exercice cosmétique. Il doit aborder de manière frontale les questions posées dans le document officiel : passif humanitaire, esclavage et ses survivances, réforme foncière, gouvernance, réforme judiciaire, égalité des chances, diversité culturelle. Ces sujets ne sont pas abstraits. Ils concernent la vie quotidienne de millions de Mauritaniens. Ils sont au cœur du contrat social à refonder.

L’histoire nous regarde. Le monde aussi. Ce dialogue est un test de maturité démocratique. Il ne peut réussir que s’il est sincère, ouvert, équilibré et respectueux de la dignité de chaque Mauritanien. À défaut, il risque d’aggraver les fractures au lieu de les panser.

Mohamed BNEIJARA

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