Le dialogue national en cours offre une opportunité historique de recentrer l’action publique autour d’un objectif fondamental : faire de l’État un véritable levier au service des citoyens, dans le respect de la justice, de l’égalité et de la diversité qui caractérisent la Mauritanie. La feuille de route du dialogue, issue d’une large consultation des forces politiques et sociales du pays, fixe un cap clair : renforcer la cohésion sociale, améliorer la gouvernance et instaurer un climat démocratique stable et inclusif.
Cependant, pour que ce dialogue soit porteur d’espoir et non une énième série de promesses sans suite, il doit s’ancrer dans des bases réalistes et des engagements concrets. Il ne s’agit plus de généralités, mais de décisions claires pour :
- Assurer un recrutement équitable dans l’administration publique, garantissant à toutes les composantes nationales une égalité d’accès aux opportunités ;
- Appliquer la loi à tous les citoyens sans distinction, en mettant fin au favoritisme et à l’impunité ;
- Créer des institutions utiles, efficientes, et supprimer celles qui ne servent que d’abris à des arrangements politiques ou clientélistes.
Le programme présidentiel du candidat Mohamed Cheikh El-Ghazouani, élu en 2019, constituait une base solide pour un véritable projet de société plurielle. Il y promettait une administration au service du citoyen, une justice indépendante, la lutte contre la corruption, la revalorisation des institutions et une politique de réconciliation nationale, prenant à bras-le-corps les questions du passif humanitaire, des séquelles de l’esclavage et des discriminations sociales.
Malheureusement, ces engagements ont été freinés par des résistances internes et la réticence d’acteurs peu enclins à abandonner les pratiques de la gabegie. Le dialogue national doit aujourd’hui redonner vie à cette ambition trahie.
L’heure est venue de passer d’un dialogue formel à un pacte de refondation. Un pacte où les recommandations seraient exécutoires, avec un mécanisme clair de suivi, et des délais contraignants. La cohésion sociale, la paix durable, la réparation des injustices passées et la construction d’un État impartial sont les seules garanties d’un avenir commun.
Le dialogue ne doit plus servir à diluer les responsabilités ni à neutraliser les revendications légitimes par des discours vides. Il doit être un chantier national pour une Mauritanie juste, équitable, moderne et plurielle.
Mohamed BNEIJARA