Un important atelier s’est tenu à Nouakchott pour la présentation officielle des résultats du 10e round de l’enquête Afrobarometer en Mauritanie. Cette enquête, réalisée par le partenaire national, le Bureau d’études SISTA, portait sur les perceptions des citoyens mauritaniens autour du thème central : la santé, les conditions de vie et la protection sociale. L’événement a rassemblé des acteurs de la société civile, des journalistes, des représentants institutionnels, des chercheurs et des partenaires techniques et financiers intéressés par l’évolution des politiques publiques fondées sur les besoins réels des citoyens.
Les résultats ont révélé que la grande majorité des citoyens mauritaniens, soit 85%, se disent informés de l’existence des programmes gouvernementaux de protection sociale. Environ 40% affirment qu’un membre de leur ménage a déjà bénéficié directement de l’un de ces programmes. Par ailleurs, 75% des personnes interrogées estiment que ces programmes ont été assez ou très réussis en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables. Toutefois, seuls 20% des citoyens interrogés considèrent que le gouvernement fait du bon travail pour améliorer les conditions de vie des populations pauvres, ce qui met en évidence un écart significatif entre la visibilité des programmes sociaux et leur perception en termes d’impact réel.
L’enquête s’est également penchée sur les perceptions des citoyens en matière de santé publique, un domaine qui apparaît comme la priorité absolue pour une majorité d’entre eux. En effet, 56% des personnes interrogées déclarent avoir eu recours à une clinique ou à un hôpital public au cours des douze derniers mois. Parmi elles, 65% ont déclaré qu’il était difficile d’obtenir l’attention médicale nécessaire. Près d’un tiers des usagers, soit 30%, affirment avoir été contraints de verser des pots-de-vin pour accéder aux soins requis. En outre, 88% dénoncent des files d’attente très longues, 87% estiment que les coûts des soins sont inabordables, 76% font état de pénuries de médicaments ou de matériel médical, 73% évoquent l’absence de personnel de santé, et 68% décrivent des infrastructures en mauvais état. Ces résultats traduisent une forte insatisfaction vis-à-vis du système de santé public. Globalement, seuls 36% des citoyens approuvent la performance du gouvernement dans l’amélioration des services de santé de base.
À l’issue de la présentation, un débat franc et participatif s’est engagé entre les participants. L’assistance a chaleureusement salué le travail du Bureau SISTA et d’Afrobarometer, soulignant l’importance de disposer de données solides, recueillies auprès des populations elles-mêmes, pour orienter les politiques publiques, renforcer les capacités de plaidoyer des organisations de la société civile et améliorer la qualité de la gouvernance. Les participants ont insisté sur la nécessité d’utiliser ces données comme un retour d’information utile pour les décideurs, un outil d’aide à la décision et un levier de redevabilité. En conclusion, les organisateurs ont souligné que cette enquête s’inscrivait dans une démarche citoyenne visant à écouter, associer et responsabiliser les communautés concernées, contribuant ainsi à un dialogue constructif entre l’État, la société civile et les populations.
Mohamed BNEIJARA