La situation au Mali connaît une escalade préoccupante avec l’intensification des attaques menées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda. Ces derniers jours, plusieurs offensives coordonnées ont visé les forces armées maliennes. Le 1er juin, une attaque contre une base militaire à Boulkessi, près de la frontière burkinabé, a causé la mort d’au moins 60 soldats et fait plus de 40 blessés. Le 2 juin, Tombouctou a été le théâtre d’une attaque d’envergure touchant un camp militaire, l’aéroport et plusieurs postes de contrôle. Enfin, le 5 juin, à Mahou dans la région de Sikasso, des djihadistes ont contraint les forces armées à se replier après avoir pris le contrôle d’un poste de sécurité. Ces événements illustrent la capacité grandissante des groupes armés à frapper dans plusieurs régions du pays, y compris dans le sud autrefois plus stable.
Dans ce contexte sécuritaire déjà alarmant, les forces de sécurité maliennes, appuyées par le groupe Wagner, sont accusées de graves violations des droits humains. Entre janvier et octobre 2024, pas moins de 239 opérations dirigées contre des civils ont été recensées, entraînant la mort de plus de 1 000 personnes. Des actes de torture, des exécutions sommaires et des violences massives ont été rapportés, accentuant la peur et la souffrance des populations civiles.
Cette spirale de violence a entraîné une crise humanitaire d’ampleur. Des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, et une part importante d’entre elles se sont réfugiées en Mauritanie. Ce pays, considéré comme un espace de stabilité dans la région, est devenu un refuge pour les victimes du conflit malien. Toutefois, les capacités d’accueil sont dépassées et les moyens manquent cruellement pour répondre aux besoins vitaux des réfugiés : alimentation, accès à l’eau, soins de santé, abris. Les femmes et les enfants, en particulier, sont exposés à des risques accrus de violence, de malnutrition et de marginalisation.
Face à cette situation, la Mauritanie ne peut ni rester spectatrice, ni porter seule le poids de l’urgence humanitaire. Il est dans son intérêt stratégique, sécuritaire et humanitaire de prendre l’initiative sur le plan diplomatique. Si la crise malienne se prolonge ou s’aggrave, c’est toute la région qui risque d’être déstabilisée, y compris la Mauritanie. Il est donc impératif que les autorités mauritaniennes engagent sans délai des démarches diplomatiques actives auprès de la CEDEAO, de l’Union africaine et des partenaires internationaux, en vue de promouvoir une solution politique, concertée et durable à la crise au Mali. La stabilité de la sous-région en dépend, et l’avenir de centaines de milliers de vies humaines également.
Dans ce contexte, il est crucial que la communauté internationale prenne conscience de la gravité de la situation et agisse de manière coordonnée pour soutenir les efforts de paix et d’assistance humanitaire. Il est temps d’unir nos efforts pour mettre fin à cette spirale de violence, promouvoir la paix et garantir la protection des populations les plus vulnérables. L’urgence est là, et chaque action compte pour construire un avenir meilleur pour le Mali et sa région.
Mohamed BNEIJARA