Le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a récemment présidé une réunion stratégique au Palais présidentiel, en présence du Premier ministre et des ministres concernés. Bien que cette rencontre soit officiellement consacrée au suivi du Programme d’Urgence pour l’Accès Universel aux Services Essentiels, elle représente en réalité un tournant significatif dans la conception et la mise en œuvre de l’action publique en Mauritanie.
Cette initiative présidentielle, initialement perçue comme administrative, témoigne d’un changement de paradigme dans la gouvernance territoriale. Elle définit les contours d’un État qui choisit de se rapprocher des réalités régionales en plaçant les territoires au cœur du processus de développement. Il ne s’agit plus seulement d’annoncer des projets depuis Nouakchott, mais de les concevoir à partir des besoins exprimés sur le terrain. Ce changement représente une démarche proactive qui cherche à établir un dialogue direct entre les décideurs et les citoyens.
En invitant les ministres à retourner dans les wilayas non pas en tant que visiteurs occasionnels, mais comme porteurs d’engagements programmés, le Président rompt avec une tradition centralisatrice qui a longtemps limité l’impact des politiques publiques. Ce mouvement de rééquilibrage vise à instaurer une proximité essentielle, permettant aux décideurs de comprendre les enjeux locaux et d’interagir directement avec les citoyens. Cela favorise une dynamique où chaque région peut faire entendre sa voix et participer activement à son développement.
Les conseils régionaux, en tant qu’instances démocratiquement élues, se voient conférer un rôle crucial en tant que piliers du développement territorial. En étant en contact direct avec les citoyens, ces instances sont les mieux placées pour identifier les priorités, planifier les interventions et suivre leur exécution. Pour que cette ambition devienne réalité, il est impératif que les moyens – humains, techniques et financiers – soient déconcentrés. Les ressources doivent être transférées des bureaux de Nouakchott vers les régions, renforçant ainsi les capacités d’action locales et permettant une meilleure prise en compte des besoins des populations.
Ce transfert de compétences et de moyens est essentiel pour une gouvernance efficace et durable. Dans cette nouvelle configuration, l’État central n’a plus vocation à gérer directement les projets, mais à assurer le cadrage stratégique, le suivi et la cohérence nationale. Ce changement de rôle permet à l’État de devenir un garant du processus de développement, plutôt qu’un opérateur direct. Cela représente une avancée vers un État plus agile et réactif, mieux adapté aux réalités du pays.
Loin d’être un simple exercice de gestion, le Programme d’Urgence devient ainsi un outil de réforme structurelle. Il impose un rythme nouveau à une administration historiquement marquée par la lenteur. Il réintroduit l’idée d’abnégation comme moteur du service public et transforme la présence ministérielle en wilayas en un acte politique fort : celui de redonner un visage humain à l’État et de restaurer le lien direct entre les institutions et les populations.
En proposant cette vision, le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani engage le pays sur la voie d’un renouveau républicain. Il ouvre la perspective d’un développement pensé à partir des territoires, où chaque région devient actrice de son avenir. Ce rapprochement entre citoyens et décideurs offre une réponse concrète aux aspirations de milliers de Mauritaniens qui attendent un État proche, juste et efficace.
Mohamed BNEIJARA