Ancien Hakem respecté, Mohamed M’kheitir est perçu par de nombreux Mauritaniens comme un exemple d’intégrité, de sens de l’État et de dévouement au service de la collectivité. Cependant, depuis plusieurs années, il vit éloigné de son pays, contraint à l’exil en Europe à la suite de l’affaire qui a impliqué son fils, Mohamed Cheikh Ould M’kheitir, accusé de blasphème.
Malgré son désaccord clair avec les propos de son fils — qu’il a publiquement rejetés tant en tant que père qu’en tant que représentant de l’autorité — Mohamed M’kheitir a été confronté à un isolement forcé, alimenté par des pressions sociales et des jugements erronés. Ni complice ni auteur, il est simplement un père pris dans une tourmente qu’il n’a pas créée.
Dans le contexte actuel de la Mauritanie, marqué par une effervescence politique et sociale, de nombreuses voix s’élèvent pour demander son retour. Le climat d’ouverture initié par les Accords de Brahim, qui promeut la tolérance, la réconciliation et l’unité nationale, offre un cadre propice à une résolution juste et humaine de sa situation.
Mohamed M’kheitir reste un homme de paix. Son exil, loin de l’éloigner de son pays, a plutôt renforcé son désir de contribuer au développement, à la stabilité et à la cohésion sociale de la Mauritanie. Pour beaucoup, son expérience d’administrateur et sa stature morale en font une ressource précieuse, surtout à une époque où la reconstruction des liens sociaux est plus que jamais cruciale.
« La paix et la stabilité exigent de se projeter vers l’avenir, plutôt que de punir ceux qui n’ont rien fait », souligne un notable du sud du pays. « Il est temps de dissocier l’homme de l’action de son fils, qu’il n’a jamais soutenue, ni en tant que père, ni en tant que représentant de l’État. »
Intégrer Mohamed M’kheitir et sa famille dans un processus national de réconciliation serait un message fort : celui d’un État qui refuse l’injustice et qui reconnaît l’engagement de ceux qui ont servi avec loyauté. Cela offrirait également à ses administrés, à ses proches, à ses “siens”, l’opportunité de tourner la page sur une période douloureuse.
Dans une Mauritanie aspirant à davantage de justice, d’unité et de modernité, il est peut-être temps de réhabiliter Mohamed M’kheitir et de lui permettre de participer, comme il l’a toujours souhaité, à la construction d’un avenir commun.
Mohamed BNEIJARA