Le mandat du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a été initialement présenté comme un engagement envers la jeunesse. Cependant, un examen approfondi de la gestion actuelle de l’État met en lumière une participation minimale, voire inexistante, des jeunes dans les processus décisionnels à tous les niveaux. Cette situation est d’autant plus alarmante étant donné que les jeunes représentent plus de 60 % de la population mauritanienne.
Actuellement, les jeunes se retrouvent souvent exclus d’un système politique qui ne les intègre pas réellement, les considérant principalement comme une source de votes ou comme une main-d’œuvre sous-estimée. Cette absence de perspectives incite de nombreux jeunes à quitter les zones rurales pour rejoindre les périphéries des grandes villes, tandis que certains choisissent même l’exil, souvent dans des conditions périlleuses.
Un fossé générationnel croissant se dessine en Mauritanie, qui ne se limite pas seulement à l’âge, mais qui est également lié à la façon dont le pouvoir est exercé. Les jeunes sont souvent écartés des décisions politiques, souvent sous prétexte d’un prétendu manque d’expérience, alors qu’ils détiennent des compétences cruciales pour relever des défis contemporains tels que la numérisation et le changement climatique. Il est donc essentiel d’encourager un échange intergénérationnel pour le progrès de la société, permettant aux aînés de partager leur savoir et aux jeunes d’apporter leurs idées innovantes.
La stagnation des politiques publiques et des services est évidente. Dans les administrations, de nombreux agents en fin de carrière n’ont pas préparé de successeurs, soulevant des interrogations sur la continuité des compétences. Il est fondamental de renforcer le dialogue intergénérationnel pour que le départ des anciens ne soit pas synonyme de perte de savoir-faire pour l’administration, l’économie et la culture.
Les jeunes d’aujourd’hui rejettent les discours basés sur des divisions tribales ou ethniques, souvent exploités par une élite politique en quête d’arguments. Ils aspirent à un avenir meilleur, désireux d’apprendre, de travailler et de s’engager dans la société. Malheureusement, ils se sentent souvent exclus des décisions politiques, et les responsables ne tiennent plus compte de leurs préoccupations, évitant ainsi les échanges avec les populations locales.
Il est donc impératif de rétablir un lien solide entre les générations. Le dialogue intergénérationnel est non seulement nécessaire, mais essentiel pour la pérennité nationale. Cela permettrait de relier les institutions aux citoyens qu’elles servent et d’élaborer des politiques publiques en concertation avec les jeunes. Écouter et intégrer les jeunes dans les discussions est crucial pour comprendre leurs besoins et leurs ambitions.
La Mauritanie doit évoluer et ne peut plus se permettre de fonctionner selon un modèle obsolète, dirigé par une minorité déconnectée d’une jeunesse dynamique. Le dialogue entre générations constitue un levier de promotion de la cohésion sociale et du développement durable. Il est essentiel d’initier cette conversation sans tabous ni condescendance, en encourageant une collaboration active entre les générations pour bâtir un avenir commun. Ainsi, nous répondrons aux aspirations du Président de la République et l’aiderons à honorer ses engagements envers la jeunesse.
Mohamed BNEIJARA