RFI Afrique – Après une délégation de chefs d’état-major, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dépêche, ce lundi 31 janvier, une mission ministérielle à Ouagadougou, une semaine après le putsch qui a renversé Roch Marc Christian Kaboré.
Une mission qui prépare le prochain sommet de l’organisation sous-régionale prévu jeudi à Accra. C’est la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway, qui conduira la délégation ministérielle de la Cédéao à Ouagadougou ce lundi, rappelle notre envoyé spécial dans la capitale burkinabè, Pierre Pinto.
Mais c’est en réalité une mission conjointe, menée avec le représentant spécial des Nations unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel, Mahamat Saleh Annadif qui sera aussi présent dans la capitale burkinabè.
Une mission très courte – quelques heures sur place seulement – et qui a pour objectif d’évaluer la situation politique du pays, après celle de 7 chefs d’état-major samedi davantage centrée sur la situation sécuritaire. Le commissaire de la Cédéao aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, le général Francis Béhanzin, arrivé samedi avec les généraux, est d’ailleurs resté à Ouagadougou pour attendre la délégation ministérielle.
Des ministres ouest-africains qui viendront rappeler les résolutions du dernier sommet extraordinaire de la Cédéao vendredi et répéter l’exigence de l’organisation de voir le président déchu Roch Marc Christian Kaboré libéré.
Ils demanderont aussi des précisions sur ce que la junte envisage pour revenir à l’ordre constitutionnel et à quelle échéance. Leur compte rendu sera ensuite débattu jeudi à Accra lors du prochain sommet régional.
Lors de ce sommet, les chefs d’État de la région décideront-ils alors de sanctions comme ils l’ont fait pour le Mali et la Guinée ? Dans une note, deux chercheurs de l’International Crisis Group conseillent de traiter le cas burkinabè avec nuance et modération. Les deux chercheurs dressent d’abord un constat : les sanctions prises le 9 janvier dernier contre la junte malienne « n’ont eu aucun effet dissuasif », l’autorité de la Cédéao est contestée.
À la différence du Mali, « une posture moins dogmatique et plus en nuance devrait donc être adoptée au Burkina Faso », estiment Mathieu Pellerin et Rinaldo Depagne. Pour eux, la Cédéao doit entamer un dialogue avec le MPSR, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration.
Car « si le coup d’État est condamnable et ne constitue en rien une solution à ce stade, écrivent-ils, il répond à une situation sécuritaire chaotique du pays et bénéficie d’un soutien non négligeable d’une partie de l’opinion publique burkinabè qui aspirait au changement. »
Cette initiative de dialogue doit être soutenue par les États-Unis et l’Union européenne. Au-delà, jugent les chercheurs d’ICG, « les partenaires internationaux gagneraient à ne pas se heurter frontalement au MPSR », histoire de ne pas reproduire ce qui s’est passé avec le Mali.
Car, selon Rinaldo Depagne et Mathieu Pellerin, « la posture de fermeté » adopté avec Bamako a eu pour effet de « renforcer les relations des autorités de transition avec des partenaires alternatifs, comme la Russie, et a dressé beaucoup de Maliens contre Paris et la Cédéao ».
Par RFI