Francetvinfo – Le Secrétaire général des Nations unies a achevé sa tournée africaine au Nigeria, après des escales au Sénégal et au Niger.
La crise sahélienne a été le fil conducteur du récent déplacement du Secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest. « Alors que les attaques terroristes continuent d’augmenter dans le Sahel pour s’étendre vers les Etats du Golfe de Guinée, la communauté internationale doit réaliser que ce n’est plus seulement une question régionale ou africaine, mais bien une menace globale », a souligné Antonio Guterres.
Du 30 avril au 4 mai 2022, le responsable onusien s’est rendu respectivement au Sénégal – dont le chef de l’Etat Macky Sall assure la présidence en exercice de l’Union africaine (UA) –, au Niger et au Nigeria.
Mahamadou Issoufou, le nouveau « M. Sahel »
Saluant en l’Union africaine un « modèle en matière de coopération régionale », Antonio Guterres dit avoir évoqué avec Macky Sall « les efforts conjoints contre le terrorisme et l’extrémisme violent » en Afrique de l’Ouest. Fragilisée par la crise sahélienne, la région a été encore un peu plus déstabilisée par les coups d’Etat survenus successivement au Mali (août 2020 et mai 2021), en Guinée (septembre 2021) et au Burkina Faso (janvier 2022).
A Dakar, la capitale sénégalaise, le Secrétaire général de l’ONU a rappelé son attachement « à des opérations africaines de paix et de lutte antiterroriste robustes mises en œuvre par l’Union africaine et appuyées par l’ONU », sur le modèle de plusieurs opérations en cours en Afrique, au Mali notamment.
Un pays qui est depuis 2012 l’épicentre de l’instabilité sahélienne. Les violences jihadistes parties de son territoire ont gagné ses voisins du Burkina Faso au Sud et du Niger à l’Est.
L’ancien président nigérien, Mahamadou Issoufou, a ainsi accepté à sa demande et à celle du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Mahamat Faki « de mener une évaluation stratégique conjointe UA-ONU sur la sécurité au Sahel, axée sur l’élaboration de recommandations sur la manière de renforcer la réponse internationale à la crise sécuritaire au Sahel », rapporte ONU Info.
Cette évaluation « sera entreprise en consultation » avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le secrétariat conjoint du G5-Sahel.
Aider le Niger confronté à des crises multiples
A Niamey, au Niger, où il est arrivé le 2 mai, Antonio Guterres a appelé la communauté internationale « (à s’investir) à fond » pour aider l’armée nigérienne à combattre les groupes jihadistes qui frappent le pays, ainsi que plusieurs pays voisins.
Il a aussi invité la communauté internationale à renforcer son aide alors qu’il terminait sa visite nigérienne « avec les populations martyrisées de Ouallam (qui accueille des déplacés internes et des réfugiés, NDLR) », ville de la région de Tillabéri située dans la zone dite des Trois frontières.
Cette zone située entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali est le théâtre depuis 2017 des actions sanglantes de mouvements jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique. En octobre 2020, en pleine pandémie, les agences onusiennes annonçaient que les besoins dans la région avaient atteint « des niveaux records en raison de la montée de la violence, de l’insécurité et (de la) pandémie de Covid-19, créant ainsi l’une des crises humanitaires à la croissance la plus rapide au monde ».
« Plusieurs groupes armés extrémistes opèrent principalement dans les régions de Tillabéri, Tahoua et Diffa, respectivement dans le nord-ouest, le sud et le sud-est » du Niger, rappellent les Nations unies. En outre, « dans la région de Maradi, au sud, des groupes armés opérant depuis le Nigeria traversent fréquemment la frontière pour effectuer des raids ».
En plus des attaques terroristes, le pays est confronté à la sécheresse et aux effets du changement climatique. « Le Niger ne peut relever seul tous ces défis multiples, l’Union africaine, la Cédéao, le G5-Sahel sont des acteurs essentiels pour la paix, la stabilité, le développement de la région », a insisté Antonio Guterres.
Il a toutefois reconnu que le G5-Sahel, qui regroupe la Mauritanie, la Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, « a été affaibli par les coups d’Etat qui se sont déroulés » dans les pays vosins.
Dans sa lutte contre le terrorisme, le Niger, qui accueille « plus de 250 000 réfugiés des pays voisins » d’après le HCR, bénéficie du soutien de plusieurs pays occidentaux, dont la France et les Etats-Unis. Lesquels ont des bases militaires à Niamey et dans la région d’Agadez (nord). Le 22 avril, les députés nigériens ont largement voté en faveur d’un texte autorisant le déploiement de nouvelles forces étrangères dans leur pays, notamment françaises.
Plus de deux millions de déplacés au Nigeria
Antonio Guterres a terminé son périple ouest-africain au Nigeria. Il s’est rendu notamment dans l’Etat de Borno qui « est l’un des épicentres de l’extrémisme violent et des activités terroristes au Nigeria et dans la région du Sahel ». Selon l’ONU, « l’insécurité liée aux groupes armés, dont le groupe terroriste Boko Haram, a perturbé les moyens de subsistance et entraîné le déplacement de quelque 2,2 millions de personnes, au cours des 12 dernières années ».
L’insurrection jihadiste, qui a commencé en 2009 dans le nord-est, « a fait plus de 40 000 morts ». Fin mars, plus de 4 000 Nigérians qui avaient fui les exactions des groupes jihadistes Etat islamique et Boko Haram sont rentrés chez eux malgré l’insécurité et des services quasi-inexistants dans la région. Au terme de sa tournée, Antonio Guterres a salué « la résilience » des populations africaines.
Avec AFP