Initiatives News – Nous sommes l’un des pays au monde où chaque compatriote nourrit des soupçons forts sur la nationalité de son prochain. Chacun accuse l’autre à longueur de journée sans se gêner, d’étranger.

On parle même de vrais Mauritaniens, comme s’il y en avait de faux. Des Mauritaniens postiches. Je n’en connais point. 

Je ne connais, en revanche que des Mauritaniens, et des étrangers, cette fois-ci disposant des documents de leur pays, qui ne s’en cachent pas, et qui résident en Mauritanie.

Notre malaise est dit dans nos expressions et nos maux dans nos mots au quotidien. Dans cette volonté de refaire et de réinventer la patrie et la nation, en redistribuant la nationalité, on crée ne serait-ce que de manière vexatoire des apatrides. 

Parfois, c’est dans la plaisanterie, un humour de mauvais goût à travers lequel, certains compatriotes deviennent sans aucune forme de procès des étrangers. Désormais, ce sont des communautés qui sont déchues de leur « Mauritanité » par la parole.

C’est un jeu déplaisant et dangereux, surtout quand on connaît la force de la parole : elle est ici accusatrice, stigmatisante et même humiliante. 

C’est comme si l’on niait votre appartenance à votre famille, en vous traitant ainsi d’illegitime ou d’enfant naturel. 

Dans ce contexte particulier, l’illégitimité et l’illégalité se croisent et se confondent dans le subconscient des auteurs.

C’est une insulte grotesque et grossière banalisée, hélas dans notre pays. Je me suis toujours posé la question de savoir qui est l’auteur de toutes ces réflexions, devenues courantes sur notre nationalité ? 

Une nationalité graduée ou à plusieurs valeurs arithmétiques : cent pour cent pour certains, dix pour cents pour d’autres, et cinquante pour cent, juste la moyenne etc. Alors que l’Etat Mauritaniens ne délivre qu’une nationalité pour tous avec les mêmes caractéristiques. 

Ces abus de langage que nous avions normalisés sont extrêmement destructeurs et dangereux pour la cohésion nationale et la construction d’un État-nation viable. Ils expriment notre perception de la nation, de la citoyenneté mais plus, une crise profonde dans notre rapport à l’Etat, avec nous-mêmes ainsi qu’avec nos compatriotes.

Tout est fait pour dire que l’autre est étranger pour marquer notre antérorité ou prééminence par rapport à lui, comme si cela donnait juridiquement plus de droits. Je ne connais pas le poids de ma nationalité. Je ne l’ai jamais mise sur une balance. Puisse qu’elle est arithmétique, aidez-moi à connaître son poids et son unité de mesure. 

La nationalité est trop sérieuse pour être assimilée à ce genre de réflexion qui ne servent notre unité. Si nous sommes différents les uns des autres, et répartis en quatre communautés nationales – Arabes, Pulaars, Soninkés et Wolofs-, nous sommes liés par la nationalité. D’aucuns diront l’islam, il est justement une composante essentielle de notre nationalité Mauritanienne. 

C’est plus qu’un document. C’est une identité, « une appartenance infalsifiable  » et inviolable, par ce que partie intégrante de chacun d’entre nous, de notre être au sens ontologique. 

Respectons nous, en tout petit peu. Et respectons nos symboles parmi lesquels l’Etat . En remettant en cause la nationalité d’un compatriote, nous nous insultons et nous insultons notre l’Etat. Suivez mon regard !

La nationalité, elle donne les mêmes droits et les mêmes devoirs à tous les citoyens d’un pays. 

Dès lors, le premier d’entre nous qui a eu le privilège de disposer de la nationalité Mauritanienne et le dernier étranger à être naturalisé sont tous les deux des Mauritaniens à part entière et non entièrement à part. 

Quand est-ce qu’allons nous admettre que nous sommes de passage sur cette terre. Nous sommes tous de passage : nous sommes mortels.

Prêchons la fraternité pour consolider l’ancrage d’une communauté nationale forte, décomplexée; le meilleur legs pour nos enfants. 

Un climat de paix, emprunte de complémentarité fraternelle est beaucoup meilleur à mes yeux que le trésor gardé jalousement dans le compte bancaire destiné aux futures générations. 

Seyré SIDIBE 

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