Les Echos – Lors d’une réception au ministère des Armées, le chef de l’Etat a annoncé vouloir des « dispositifs moins posés et moins exposés » en Afrique. Il s’agit selon lui d’une « nécessité stratégique ». Emmanuel Macron a en outre chargé le ministère des Armées d’élaborer une nouvelle Loi de programmation militaire pour la période 2024-2030.
Repenser les dispositifs français présents en Afrique : une « nécessité stratégique ». C’est en ces termes qu’Emmanuel Macron s’est exprimé lors de la traditionnelle réception donnée par le ministre des Armées à la veille du 14 juillet.
Le chef de l’Etat dit vouloir des « dispositifs moins posés et moins exposés », alors que la force antidjihadiste Barkhane est en train de boucler son départ du Mali. Il a par ailleurs affirmé sa volonté de « réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines, reconstruire une capacité à former, ici et là-bas ».
Lutter contre la menace terroriste
La France, ancienne puissance coloniale d’une partie des pays du continent, y maintient une forte présence militaire. Outre son engagement dans la lutte antidjihadiste au Sahel, en pleine restructuration, elle a des éléments déployés au Sénégal, au Gabon, à Djibouti.
Le président Macron a par ailleurs mentionné la nécessité d’un « continuum entre notre offre diplomatique, nos actions rénovées pour le partenariat africain et nos actions de développement » en Afrique. « C’est un changement de paradigme profond », a-t-il martelé. « Il nous faut poursuivre notre engagement contre la menace terroriste partout, notamment en Afrique ».
Hier partenaire clé de Bamako, la France, ancienne puissance coloniale, est désormais persona non grata et s’apprête à quitter le Mali d’ici quelques semaines. La junte au pouvoir depuis 2020 a poussé dehors l’armée française et a fait appel aux Russes, via la sulfureuse société paramilitaire Wagner, même si Bamako s’en défend. Une fois désengagée du Mali, la France aura divisé par deux sa présence au Sahel en ne maintenant que 2.500 militaires environ dans la région.
Mais Paris affirme depuis des mois ne pas renoncer à la lutte antiterroriste et discuter avec les pays du Sahel et du Golfe de Guinée pour préparer de nouvelles formes d’intervention. Au Niger, les Français maintiendront plus d’un millier d’hommes et des capacités aériennes pour fournir un appui feu et du renseignement dans le cadre d’un « partenariat de combat » avec les forces armées nigériennes (FAN), déployées avec 250 soldats français à proximité de la frontière avec le Mali face aux jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique.
Une nouvelle Loi de programmation militaire
Paris avait aussi annoncé le 1er juillet, en toute logique, la fin de la task force Takuba au Mali, une agrégation de forces spéciales européennes, victime collatérale des tensions avec les colonels au pouvoir à Bamako. Les contours d’une participation européenne à la lutte antidjihadiste en Afrique restent à définir.
Lors de son discours au ministère des Armées, le chef de l’Etat a aussi mentionné le retour de la guerre aux portes de l’Europe. Emmanuel Macron a chargé le ministère des Armées d’élaborer une nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2024-2030.
Cette dernière aura pour mission d’adapter les efforts budgétaires au nouveau contexte stratégique. « Notre ambition opérationnelle pour 2030 doit être revue à la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité », a-t-il souligné. Ces travaux « devront être achevés à la fin de cette année » puis « discutés avec le Parlement » début 2023.
Avec AFP