L’Eeveil Hebdo – En Mauritanie, depuis deux ans et demi, la population ploie sous la spirale des flambées des prix des denrées de première nécessité. Aux injonctions sans cesse du gouvernement, les commerçants, peu scrupuleux opposent un niet catégorique. Ils en ont cure des sommations gouvernementales qui tombent dans les oreilles de sourds.
Les mauritaniennes subissent impuissants depuis deux ans à l’augmentation vertigineuse des produits de première nécessité. La viande, sucre, Blé, riz, huile, lait, légumes farine, pain(avant le retour au prix initial), essence, gasoil …tout flambe à n’en pas finir.
Sur les différents marchés de la capitale, le panier de la ménagère s’allège au rythme de la valse des étiquettes. La situation ne s’est guère stabilisée et les angoisses sont grandes.
Cette hausse devenue monnaie courante plonge les consommateurs dans le doute. Le gouvernement semble impuissant face au patronat. Exacerbées par la récente augmentation dans les transports urbains suite à la flambée du carburant, les populations réduites à l’extrême pauvreté ont fini par étaler leur colère dans la rue, à travers des manifestations de protestations, sit in, sont démunis.
Comme à l’accoutumée, le gouvernement a sorti la grosse artillerie pour mâter la contestation à travers interpellation et répression de manifestation.
Désamorcer la bombe
Après avoir été hué au stade Cheikha,lors de la finale de la coupe du président par des jeunes désabusés par la mauvaise situation sociale actuelle, Ould Ghazouani tente de désamorcer la bombe sociale en pointant un doigt accusateur sur ‘’la pandémie de Coronavirus a envahi le monde, suivie de la crise ukrainienne, qui a rajouté des résultats catastrophiques et créé d’autres nouveaux défis à tous les niveaux, jusqu’à ce que les chaînes de financement et d’approvisionnement soient perturbées, que les prix de l’énergie et de divers produits aient doublé, que l’inflation a augmenté, que le pouvoir d’achat des citoyens s’est affaibli, à travers le monde, il a été démontré que les pays les plus capables de résister à ces crises et les moins touchés sont ceux qui ne dépendent que d’eux-mêmes en matière de sécurité alimentaire’’.
Lors du lancement de la campagne agricole 2022-2023, à partir du barrage de Legrayer, localité de Guèat Teydoum, dans la moughataa de Tamchekett, le Chef de l’Etat a indiqué que ‘’Pour tout cela, la plupart des efforts du gouvernement dans notre pays se sont concentrés sur le soutien du pouvoir d’achat des citoyens et l’atténuation de l’impact de ces crises que nous avons évoquées sur leur vie quotidienne en subventionnant les denrées alimentaires, les hydrocarbures, en effectuant des transferts monétaires, en fournissant l’assurance maladie, et de nombreux programmes et projets qui vont dans le même sens’’.
Le coût global de ces interventions a dépassé les 200 milliards d’anciennes Ouguiyas dont 138 milliards subventionnent encore les hydrocarbures et le gaz domestique. Malgré la diminution de la subvention, qui a pris effet il y a quelques jours seulement, ce montant est encore alloué à la subvention de ces produits, et près de 100 milliards subventionnent d’autres aspects de la vie des citoyens.
‘’Cependant, ces mesures et cette subvention, qui bien sûr, sont très importantes, doivent se poursuivre et se poursuivront, si Dieu le veut. Nous devons, néanmoins, admettre qu’ils ne constituent pas une solution réelle et durable à nos problèmes, car plus ils perdurent, plus leurs coûts affecteront inévitablement la capacité des budgets à les supporter, ce qui influera négativement sur les grands équilibres économiques’’, reconnaît-il.
Ould Ghazouani tente de dédramatiser la mauvaise situation sociale en Mauritanien en affirmant ‘’que notre pays n’est pas l’un des pires en termes de conditions de vie, et il y a des pays qui sont plus aisés que nous, mais nos conditions sont meilleures qu’eux, Dieu soit loué, car il existe des pays riches et assez grands mais qui ont des files d’attente pour acheter un produit donné, parfois du sucre, parfois de l’huile ou de la farine’’.
Sur la lancée, Ould Ghazouani déclare que ‘’ pour être franc, nous avons eu un niveau de résilience face à ces crises, pas moins que dans d’autres pays, mais si nous voulons nous comparer à des pays de notre taille, nous dirions que nous sommes parmi les meilleurs d’entre eux, et donc rien ne dit que nous sommes dans une situation difficile’’.
‘’Nous sommes déterminés à soutenir notre résilience en développant nos secteurs productifs, en atteignant l’autosuffisance et en développant le secteur agricole, irrigué et pluvial’’, a poursuivi Ould Ghazouani.
Inquiétude de la coalition des Forces Du Changement Démocratique
Face aux risques graves pour la paix civile et la sécurité publique, découlant des mesures iniques et anti-économiques de hausse des prix du carburant et des autres denrées de première nécessité, les Partis de la Coalition des Forces Du Changement Démocratique ont demandé dans un communiqué publié, le16 Juillet 2022, ‘’instamment, aux pouvoirs publics de stopper ces mesures et d’engager, immédiatement, avec les partenaires économiques et sociaux des discussions pour aider à alléger la souffrance des populations ‘’ ;
Ces formations ont exhorté’’ le gouvernement à s’inspirer des pratiques positives qui se développent partout dans le monde, notamment dans notre voisinage régional, à travers l’amplification des subventions directes et indirectes des produits de première nécessité, y compris les hydrocarbures ‘’
En outre, ils ont demandé ‘’ au gouvernement de réajuster les dispositifs en place de soutien aux populations les plus vulnérables, en axant sur les mesures de correction à la baisse des prix de produits de base ‘’.
Ils ont réclamé une politique efficiente de lutte contre la corruption, les monopoles et les gaspillages qui continuent de gangrener l’économie du pays et d’alimenter la dérive des prix ;
Enfin, ils ont appelé le peuple mauritanien à se mobiliser, pacifiquement, pour faire face à ces mesures injustes qui menacent la paix civile dans notre pays.
Saydou Nourou T.