Le Rénovateur Quotidien – Lundi 28 novembre 2022, la Mauritanie indépendante aura 62 ans. Ceux qui sont nés à cette période portent déjà les cheveux de la sagesse.
Dans l’histoire ancienne d’un pays c’est peu. Mais dans les faits beaucoup de temps s’est écoulé sur le chemin du parcours récent d’un peuple, d’une nation dont le destin se confond à une histoire mouvementée, marquée par des contradictions tribales, éthiques et idéologiques consubstantielles avec la constitution d’un état victime de sa géographie et de ses jeux d’influences hégémoniques.
D’accords en désaccords, de compromis en compromissions, la naissance de ce vaste pays sous-habité constitué d’une mosaïque ethnique, fut accompagnée de gémissements d’une mère Patrie qui des années durant, a du mal à couver sa progéniture.
Les pionniers de la réalisation d’un édifice bâti sur du sable mouvant au cœur d’une capitale des dunes, bordée par l’atlantique portent la lourde responsabilité historique de leurs œuvres.
Sans remettre en cause le mérite d’avoir fondé un pays dont il est difficile de racoler les morceaux, il faut déplorer les nombreuses erreurs d’architecture qui continuent à fragiliser le fondement de la Nation mauritanienne.
Cette volonté de créer un pays sur les ruines de tribus archaïques, d’Émirats défaits et d’empires décadents a fait abstraction des questions de fond sans lesquelles il sera difficile de taire les rancœurs et les revendications identitaires dans un pays multiculturel.
La Mauritanie hérite d’une configuration ethno- socioculturel où les différences bien assumées pourraient être une source de dialogue et de rapprochement si dès le départ des approches intelligentes définies clairement par la constitution avaient été adoptées.
Les arrangements non formalisés ne sauraient tenir lieu de mode de gestion du destin de tout un peuple. Dans des rapports dialectiques l’équilibre des forces en changeant de camps pourrait accoucher des alternances violentes. Nous avons vu comment des nations entières se sont disloquées faute de réglages bien réfléchis. Chez les êtres humains le réflexe identitaire est la chose la mieux partagée.
La marginalisation ou l’exclusion conduisent inévitablement au repli sur soi des communautés minorées. Le meilleur palliatif réside dans le règlement juste des questions nationales dont dépend la survie de la Mauritanie. Et c’est l’unique et meilleure voie pour instaurer une culture de paix autour d’un vivre ensemble heureux dans un esprit de partage et de confiance.
L’élégance voudrait que dans un pays pluriculturel chaque composante aspire à découvrir la culture de l’autre, parler sa langue sans aucune velléité d’assimilation ou de rejet.Si nous sommes tous responsables de ce travail, l’état doit assumer son rôle à travers des mécanismes de dialogue et de règlement des différends.
Les instruments juridiques et politiques ne manquent pas pour promouvoir ces principes hautement patriotiques sans heurts ni leurres.
Il y va de l’intérêt de la Mauritanie. L’inacceptable n’est pas dans le refus de régler un problème ni de l’ignorer mais d’y opposer une négation implacable. Nous devons refuser d’être cités en exemples des « moins que rien » tout en nous glorifiant d’être une nation fière de notre différence bien assumée contre laquelle nous ne devons pas transiger.
Pour que le linge sale se lave en famille chacun doit mettre la main au lavoir. Nous ne manquons certainement pas de sagesse pour agir en toute sincérité et dignité pour inscrire une belle page de l’histoire d’une Mauritanie en harmonie avec elle-même, loin des tabous et préjugés acérés.Dans un pays où les intelligences ne manquent point.
Pour que la célébration de notre indépendance consacre l’unité dans la paix des cœurs et des consciences. Et c’est tout le sens d’une Nation.