Le Programme de Renforcement de la résilience des communautés urbaines et rurales vulnérables en Mauritanie, appelé Programme SAFIRE, prend fin pour les consortiums CRF et Oxfam après quatre années de mise en œuvre.
Pour mesurer les performances du programme et dégager les orientations permettant de consolider ses acquis, un atelier national de clôture et de perspectives SAFIRE a été organisé ce 28 février, à Nouakchott.
Le programme SAFIRE, financé à hauteur de 10 millions 526 000 € dont 10 millions d’euros par l’Union Européenne et 526 000 € par les 3 ONG Internationales leads de consortium (Oxfam, Croix Rouge Française et Gret), vise à améliorer les perspectives d’insertions professionnelles et sociales des jeunes vulnérables, en particulier des femmes, tout en accroissant de manière durable et structurelle la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables en milieux urbains et ruraux.
Plusieurs temps forts ont marqué la mise en œuvre du programme au cours des quatre années, notamment la tenue des cérémonies de lancement de SAFIRE aux niveaux national et régional (entre novembre et décembre 2019), la contribution à la note conceptuelle et au déploiement national des guichets Techghil, la signature de la convention nationale avec l’Agence Nationale pour l’Emploi « Techghil », les 3 COPIL tenus à Nouakchott en Novembre 2020 , à Boghé en juin 2022 et à Aioun en février 2023, les deux collectes des évidences du programme, l’évaluation à mi-parcours, le forum national de l’emploi et de l’entreprenariat des jeunes et des femmes tenu à Nouakchott les 13 et 14 Décembre 2022 ainsi que l’atelier perspectives SAFIRE II tenu le 26/01/2023 à Nouakchott.
L’atelier national de clôture et de perspectives SAFIRE avait pour objectif de présenter les réalisations concrètes du programme, la démarche ayant permis d’atteindre de tels résultats, ainsi que les perspectives d’avenir de SAFIRE.
Les messages clés du programme au bout de 4 années sont les suivants :
– Pour les jeunes, femmes, autorités administratives et communales :
C’est une opportunité à saisir pour valoriser l´insertion socioprofessionnelle des jeunes et des femmes via un dispositif d´orientation et d´appui à l’emploi mis en place en collaboration avec les structures étatiques et non étatiques, notamment l’Agence Nationale pour l’Emploi « Techghil » ;
– Pour les acteurs de la société civile et les relais d’opinion (associations, syndicats, journalistes et médias, chercheurs en sciences économiques et sociales, étudiants) : Il s’agit d’un programme favorisant la production de connaissances à travers des recherches actions, plusieurs collectes des évidences du programme, sur des enjeux sociétaux impactant la Mauritanie sur les plans économiques, environnementaux et sociaux.
– Pour toutes les entités:
Le programme a permis de promouvoir les filières (lait local, maraichage, Produits Forestiers non Ligneux, agriculture vivrière…) favorisant l´insertion socioprofessionnelle des femmes et des jeunes, conformément aux grandes orientations politiques et stratégiques du pays ; et de faciliter l’appropriation du programme par l’Etat pour pérenniser ses acquis sur la zone d´intervention du programme et les dupliquer à plus grande échelle pour assurer sa durabilité ;
– Pour le Gouvernement Mauritanien, notamment le ministère de l’emploi et de la formation professionnelle :
C’est une opportunité de vérifier que le programme SAFIRE est en phase avec les 4 orientations ci-dessous : l’accompagnement des politiques sectorielles par les politiques de l’emploi ; le renforcement des services publics de l’emploi et de l’insertion (Techghil) ; l’orientation du développement du capital humain selon une logique axée sur la demande ; le développement du cadre de gouvernance de l’emploi.
– Pour la diaspora et le public International :
Le programme a également représenté une opportunité pour les migrants/diasporas, en termes de contribution au développement socio-économique de leurs territoires d´origine tout en renforçant la cohésion sociale entre les territoires urbains et ruraux. Pour terminer, juste quelques chiffres clefs concernant les résultats de SAFIRE sur 45 mois :
– 8 171 emplois créés dont 90,20% pour les femmes
– 3 310 personnes formées dont 66,70 % pour les femmes
– 6 675 personnes appuyées pour développer des Activités Génératrices de Revenus
– 846 MPME créées
– 185 826 ont bénéficié d’une assistance liée à la sécurité alimentaire.
L’atelier de clôture a été marqué par plusieurs présentations :
– Présentation de l’approche territoriale et des modalités de mise en œuvre de SAFIRE sur nos zones d’intervention (au niveau des 3 résultats) par les 3 consortiums (Gret, CRF et Oxfam) du programme SAFIRE sur 4 ans (Par Hawa War, Coordinatrice Consortium 0xfam et Sylvanie Lebas, Coordinatrice Consortium Croix Rouge Française, Roger Lankoandé, Coordinateur du Consortium Gret)
– Présentation du dispositif de coordination et de gouvernance de SAFIRE (Par Ibrahima NDAO, Coordinateur de l’Inter Consortia)
– Présentation des outils de reporting, de la théorie du changement, du bilan quantitatif, de la stratégie d’apprentissage et de quelques moments clés d’apprentissage de SAFIRE sur 4 années (Par Ibrahima Harouna Souley, Coordinateur MEAL de l’Inter Consortia)
– Présentation des prochaines étapes clés du programme SAFIRE et de notre stratégie de plaidoyer pour un SAFIRE II (Ibrahim ASSOUMANE, Chef de file de l’Inter Consortia SAFIRE)
Ce qu’a dit M. Jean-Marc DEWERPE, Chef de la Coopération et Représentant de Son Excellence l’Ambassadeur de l’Union Européenne : « Nous voudrions féliciter le programme SAFIRE, parce qu’il a réussi à mettre en place : (1) une approche globale de l’insertion professionnelle, qui a veillé à inclure des initiatives de formation professionnelle, d’entreprenariat sous forme d’auto-emploi et de création de micro, petites et moyennes entreprises, (2) une approche inclusive, qui a veillé à impliquer les services centraux et déconcentrés de l’Etat, les collectivités locales, les acteurs de la société civile et en favorisant les groupements féminins ».
M. DEWERPE a ajouté que l’Union européenne reste en première ligne pour poursuivre les efforts en faveur de la création d’opportunités d’emploi décentes en Mauritanie et à cette fin, qu’elle continuera à financer des programmes de ce type pas sous la même forme.
Il a rappelé que depuis 4 ans les instruments de financement ont changé. Il n’y aura donc pas de SAFIRE 2 sous cette forme, mais l’action peut être poursuivie via la réponse à des appels à projets pour des mini SAFIRE locaux.
Il a également rappelé à l’époque du lancement de SAFIRE en 2019 l’engagement pris par le nouveau président Mohamed Ould El-Ghazaouani de créer 100 000 emplois dans le pays.
Il ajoute que beaucoup de choses ont changé depuis 3 ans et demi, avec la pandémie de CODIV-19 et l’invasion russe en Ukraine avec des conséquences fortes pour de nombreux pays. Les interlocuteurs au niveau de l’UE ont changé également. « SAFIRE est un programme dont nous sommes tous particulièrement fiers, et notamment par rapport à un chiffre déjà cité : plus de 8 000 emplois créés, avec les femmes comme pilier du développement ».
Il souligne l’approche inclusive du projet, insiste sur le rôle des institutions financières et de micro crédit pour le développement de l’auto emploi, de l’artisanat et des petites entreprises.
« La question la plus critique aujourd’hui est celle de la pérennisation des acquis. Les bénéficiaires ont la capacité à trouver des économies, ils ont appris à gérer leur activité, ils sont en mesure de partager leurs compétences avec le reste de la communauté ».
Il évoque la prise de relai déjà annoncée par certaines institutions. Il rappelle que le réseau Techghil est présent aujourd’hui dans 16 wilayas, et qu’il doit être le pilier de l’emploi et de l’insertion dans le pays.
« L’UE renouvelle ses engagements déjà pris et en formule de nouveaux. L’UE reste en 1ère ligne pour créer des opportunités d’emploi en Mauritanie et continuera à financer des projets de ce type », a-t-il avant de remercier pour leur présence l’ensemble des participants à l’atelier.
Discours du Président du COPIL, M. Alassane Yall, représentant du Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle :
Selon lui, la stratégie nationale de l’emploi a retenu comme objectif central la création d’emplois décents et durables. Les sous-objectifs qui en découlent sont largement intégrés par le programme SAFIRE de par son accompagnement au niveau central, institutionnel et local, a-t-il rappelé.
« SAFIRE est, je le redis, une expérience inédite dans sa formulation et dans la diversité des thématiques abordées (les cite) ». A travers ses 3 objectifs, SAFIRE aura permis de jeter les bases d’une nouvelle façon de faire.
M. Yall a rappelé les changements institutionnels récents au sein du Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, qui dénotent une vision et une volonté réaffirmées de porter plus encore les questions d’emploi en lien avec la formation professionnelle.
« J’ai la conviction qu’un SAFIRE II mettra plus en œuvre l’accompagnement à la formation professionnelle ».
Il rappelle que lors de l’évaluation à mi-parcours, des résultats probants ont été montrés, mais également des insuffisances au niveau du suivi, de la gouvernance. En effet, le programme souffrait d’un manque d’appropriation du projet par le Ministère ; des ajustements seront donc nécessaires pour envisager un SAFIRE II.
Il rappelle que SAFIRE devra veiller à ce que les services ministériels concernés reçoivent l’ensemble des documents de capitalisation pour laisser une trace du programme.
« SAFIRE a appris aux bénéficiaires à faire par eux-mêmes, en cultivant un esprit d’indépendance ».
M. Yall a exprimé ses remerciements à l’Union européenne ainsi qu’aux différents partenaires du programme SAFIRE tout en appelant de ses vœux à un financement plus conséquent pour SAFIRE 2.
Il rappelle que le consortium Gret-Caritas Mauritanie va continuer à travailler sur SAFIRE pendant quelques mois, en attendant la mise en place d’un SAFIRE II.
M. Yall clôt officiellement l’atelier.