Six partis politiques de l’opposition ont annoncé vendredi avoir décidé d’unir leurs positions lors du déroulement du scrutin du samedi, exprimant cependant leur grande inquiétude à propos des failles dans la préparation des élections législatives, régionales et locales.
Les partis concernés sont Tewassoul, le rassemblement des forces démocratiques (RFD), l’union des forces de progrès (UFP), Sawab, l’alliance populaire progressiste (APP) et l’alliance pour la justice et la démocratie/ mouvement du renouveau (AJD/MR).
Les représentants de ces partis ont tenu vendredi une conférence de presse au siège du parti Tewassoul au cours de laquelle Mohamed O. Maouloud, président de l’UFP, a déclaré qu’ils sont convenus, « au sein de l’opposition, de mettre en place une commission de suivi, chargée d’informer les médias, le gouvernement et la commission de nos positions de ce qui se passera le jour du scrutin et nous allons unifier nos positions ».
Ould Maouloud a encore dit que depuis le mois de mars les partis ont entrepris une série de concertations qui ont permis « d’adresser une lettre à la commission chargée des élections dans laquelle nous avons formulé des réserves sur un grand nombre de bureaux de vote en plus d’autres revendications relatives à nos représentations ».
Il a dit que « la réaction de la CENI, par rapport à cette lettre, a été positive comme d’habitude » avant d’ajouter que « celle-ci a toujours réagi positivement aux requêtes de l’opposition mais sans jamais respecter ses engagements, tout en espérant dit-il que la situation soit différente cette fois ».
Le président de l’UFP a révélé que l’opposition a constitué une commission technique commune pour les opérations électorales chargée de collecter les données et les résultats et décidé par la même d’unifier leur représentation au sein des bureaux de vote, c’est-à-dire que tout représentant de l’un de ces partis dans un bureau de vote peut représenter le représentant absent de tout autre parti, afin de pouvoir couvrir l’ensemble du territoire national.
Il s’est déclaré « très inquiet » de certaines informations reçues faisant état de l’enregistrement sur la liste électorale et s’est demandé comment une personne peut se retrouver sur cette liste sans s’être présentée pour se faire enregistrer.
Après avoir rappelé le processus qui a prévalu entre les partis et la CENI qui a conduit à un accord politique entre les partis et le gouvernement, représenté par le ministre de l’intérieur l’année dernière, le président de l’UFP a dit qu’ils tenaient à l’application de cet accord mais qu’en mars dernier ils ont constaté que des mesures prises par la CENI n’étaient pas conformes à l’esprit de l’accord conclu.
Parmi ces mesures, a-t-il précisé, la date des élections devait être soit conforme à la loi (août ou septembre) ou consensuelle et nous nous sommes opposés à leur organisation au mois de mai.
Ils ont fait fi de cela et nous avons dépassé cette question.
En mars dernier a encore dit ould Maouloud nous avons adressé une lettre à la CENI comportant 5 doléances toutes dans l’intérêt de la consolidation de la transparence « dont notamment la prolongation de la période dévolue au recensement administratif à vocation électorale (RAVEL) fixée à un mois, une date insuffisante pour un nouveau recensement.
Cette opération ne signifie pas une révision ni un recensement complémentaire de la liste électorale, et la commission a rejeté cette requête sous prétexte que la date des élections ne permettait pas cela.
Selon ould Maouloud la date fixée pour les élections leur a servi d’alibi pour rejeter toutes les demandes formulées comme par exemple la révision de la liste électorale qui doit être toujours objet de vérification afin d’éviter les dysfonctionnements ou les failles dus à la précipitation.
Le troisième point, a ajouté ould Maouloud, a été la concertation avec les partis à propos de la constitution des bureaux de vote, une proposition également rejetée, la lutte contre la fraude par l’utilisation de la machine d’identification par empreintes digitales par rapport à la carte d’identité utilisée lors du recensement, à utiliser le jour du scrutin et à diffuser dans tous les bureaux de vote.
Dans un premier temps la CENI avait refusé cette proposition prétextant 6 mois au minimum pour l’acquisition de ces appareils, mais vérification faite, il s’est avéré que cela n’était pas exact car la société avait affirmé qu’elle était capable de les livrer en quelques semaines seulement.
Un autre prétexte, a encore dit ould Maouloud, a été avancé par la CENI le coût de l’opération que le gouvernement ne leur a pas fourni, c’est-à-dire un milliard d’ouguiyas.
Le président de l’UFP qui s’exprimait au nom des six partis d’opposition a reconnu cependant que tous les contacts avec la CENI ont été cordiaux et se sont déroulés dans un climat rassurant et grandement positif quand bien même le résultat a toujours été négatif, et c’est là le problème.
Dans tous les cas nous sommes allés à ces élections mais « il ne fait aucun doute que nous sommes très inquiets, car après la constitution des bureaux de vote, nous les avons contacté pour leur rappeler que cette mesure devait être consensuelle et nous avons demandé un retour à la mesure convenue.
La CENI a promis d’instruire ses commissions régionales pour se concerter avec les partis politiques pour la constitution des bureaux de vote, mais encore une fois rien n’a été fait jusqu’à présent.
Dans le même ordre d’idées ould Maouloud a évoqué un « grand danger » car la CENI a reconduit les mêmes bureaux que lors des dernières élections, un scrutin largement décrié, et nous n’avons pas pu trouver des raisons pour cette mesure.
Le président de l’UFP a conclu en déclarant que des termes de l’accord politique n’ont pas été appliqués comme par exemple l’observatoire national pour la surveillance des élections qui regroupe les instances de la société civile qui n’a pas été constitué de même que la révision de la loi relative à la neutralité de l’état qui n’a pas été faite.