Notre pays, la Mauritanie, traverse une période des plus difficiles. Nous assistons impuissants à la montée de campagnes ethniques où chaque groupe veut imposer son identité au vu et au su de tous, reléguant au second plan l’intérêt commun. Ce qui se passe aujourd’hui est aux antipodes des valeurs citoyennes qui devraient nous unir : la civilité, le civisme, l’intégrité, le patriotisme, la solidarité, la tolérance, la paix, le souci de l’intérêt général, le savoir-vivre collectif, le respect du bien public et de l’ordre public. La liste est longue, mais l’essentiel est clair : nous nous éloignons de ce qui fonde une nation.

Les racines de cette décadence sont profondes. Elles se trouvent autant dans la faillite de l’éducation familiale que dans la défaillance de l’exemplarité des agents publics, pourtant tenus par serment de faire respecter la loi. Résultat : une véritable crise de citoyenneté. Ses manifestations sont visibles partout : perte des repères, déconnexion des valeurs collectives, réactions émotionnelles incontrôlées face aux crises, montée des clivages sociaux et identitaires.

L’un des exemples les plus flagrants de cette dérive reste l’indiscipline généralisée, perceptible jusque dans la circulation routière. Si chacun agit comme bon lui semble, sans règles ni respect de l’autre, comment notre pays pourrait-il rester debout ? Une nation peut-elle aspirer à la cohésion et au développement dans le désordre et l’anarchie ?

Cette indiscipline est un symptôme d’un mal plus profond : le mépris des valeurs qui ont fait la grandeur de la société mauritanienne. Le respect de la parole donnée, la loyauté, l’intégrité, la droiture, le rejet du mensonge… autant de vertus aujourd’hui foulées aux pieds. Honorer un engagement est devenu rare. La trahison s’installe comme une pratique banalisée, érigée en règle par ceux qui se prétendent notables, cadres ou érudits. S’emparer du bien d’autrui ou détourner le bien public ne leur pose plus aucun cas de conscience. Ceux qui refusent de s’abaisser à de tels comportements sont marginalisés, traités comme des naïfs ou des “enfants maudits”.

Il serait cependant injuste de ne pas rappeler que les orientations et engagements du Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, prennent clairement en considération la nécessité de répondre à ces défis. Ses discours et ses choix stratégiques s’inscrivent dans une volonté affichée de restaurer l’État, de renforcer la discipline et de consolider la citoyenneté. Malheureusement, la mise en œuvre de ces engagements reste en deçà des attentes, parfois même à l’opposé de l’esprit des promesses initiales. Ce décalage alimente la désillusion des citoyens et creuse encore davantage la fracture entre les principes énoncés et la réalité vécue.

Cette crise morale et citoyenne devrait alerter toute la société. Car comme le rappelait Nelson Mandela : « une organisation ne peut remplir son mandat que s’il y a de la discipline, et là où il n’y a pas de discipline, il ne peut y avoir de réel progrès. »

La Mauritanie ne pourra avancer que si elle retrouve le sens des valeurs, de l’ordre et de la discipline, mais aussi si les engagements politiques se traduisent enfin par des actes concrets.

Mohamed BNEIJARA

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